Bonjour à tous,

Je suis depuis quelque temps les travaux et analyses de Jean-Marc Jancovici, notamment sur la finitude des ressources, la transition énergétique et la décroissance économique, et j’ai récemment regardé une grande quantité de son contenu sur youtube, lu le Plan de transformation de l’économie française du Shift Project, et je viens d’emprunter Le monde sans fin à la bibliothèque.

Après cette immersion, et face à la situation actuelle que nous vivons, avec une inflation notable et une perte progressive du pouvoir d’achat, je ne peux m’empêcher de me demander si nous ne sommes pas en train de vivre le début du scénario qu’il dépeint, soit une perte du niveau de vie individuel dans nos sociétés développées, des biens de plus en plus inaccessibles forçant ainsi à réduire notre consommation ce qui équivaut à mon sens à la pauvreté énergétique qu’il mentionne régulièrement, sans compter la réapparition des conflits armés aux portes de l’Europe, la montée de l’immigration, …

Face à cela, je trouve les pouvoirs publics très dépassés, avec seulement du vent et des gesticulations (cf l’aide de 100€/an sur le carburant), mais pas vraiment d’action concrète ou de plan effectivement mis en place, alors qu’il faudrait plutôt de grands projets d’envergure pour entraîner un changement sociétal (développement des infrastructures, ou optimisation des resources actuelles par exemple). On remarque d’ailleurs de plus en plus de gesticulations autour de l’environnemental, cf Macron ce soir sur les pompes à chaleurs, les rénovations, etc., sans que ce soit forcément suivi d’effet…

Sans chercher à être alarmiste, je voudrais avoir vos avis sur la question. Suis-je le seul à penser ça ? Trouvez-vous que la situation économique et énergétique actuelle reflète les prédictions de Jancovici ou est il encore trop tôt pour se prononcer ? Comment envisagez-vous l’avenir proche ?

  • drolex@sopuli.xyz
    link
    fedilink
    arrow-up
    9
    ·
    1 year ago

    Je dirais que ça n’a pour le moment rien à voir avec ce que dit Jancovici. Les profits des entreprises sont encore très importants. On est plus sur un conflit de répartition des richesses que sur un appauvrissement général. C’est à mon sens de là que vient le problème avec le gouvernement actuel qui refuse largement d’imposer des contraintes ou des taxes à l’industrie et aux distributeurs. C’est du marxisme assez simple à mon sens.

    L’impact du réchauffement climatique sur les prix des énergies est limité, voire inexistant il me semble, et la montée des prix est davantage explicable par un contexte géopolitique indépendant de la crise climatique (je vois mal le rapport avec la guerre en Ukraine par exemple et le réalignement des alliances Chine/Russie/US). Il y a des signes comme la limitation du trafic dans le canal de Panama, mais ce n’est pas un corridor principal pour le transport des hydrocarbures et ça nous touche encore peu.

    Mais sans doute que quand ça va commencer à devenir plus tendu avec une disparition progressive des hydrocarbures (on en est loin) ou des conflits nouveaux pour les accès aux ressources énergétiques (au Niger peut-être ?), on va se rapprocher de ce qu’il dit

    [A noter que j’ai une dent personnelle contre Jancovici, et particulièrement cette BD qui est un monument de mauvaise foi et de cherry picking dans les faits présentés pour faire l’apologie du nucléaire au détriment de tout le reste, en ignorant confortablement tous les problèmes majeurs du nucléaire (pas bien) sans oublier de toujours rappeler les problèmes des autres solutions (ce qui est bien). Quand il ne ment pas carrément sur certains sujets comme la rentabilité de l’éolien ]

    • le pouffre bleu@lemmy.world
      link
      fedilink
      Français
      arrow-up
      5
      ·
      1 year ago

      Je dirais que ça n’a pour le moment rien à voir avec ce que dit Jancovici. Les profits des entreprises sont encore très importants. On est plus sur un conflit de répartition des richesses que sur un appauvrissement général.

      Je vois plus ça comme un angle mort des réflexions que nous propose Jancoco.

      Il est trop orienté vers une réflexion basée des bilan d’émission, de quantité d’énergie dispo etc et sur la technique et les solutions qu’elle nous apporte et élude totalement les questions de rapports de forces politiques et de domination entres les groupes d’individus et les nations… Un appauvrissement général n’est malheureusement pas incompatible avec une réparation toujours inégalitaire et une concentration de richesses importantes quand le reste de la population voit ces conditions de vie. C’est même une perspectives qui peut pousser un chercher à accroitre le plus possible avant que ça ne le soit plus…

      C’est ce que je reproche à Jancovici c’est qu’il évacue le fait que ces inégalités sont pensées et organisées et que les solutions qu’il met en avant vont contre cette organisation inégalitaire. Or les gagnants et tenants de ces inégalités préféreront choisir leur maintient plutôt que de renoncer à leur pouvoir économique et leur conforts de vie, sa transition à pour principal obstacle une lutte qu’il ne nomme pas, on peut pas gagner si on ne nomme pas ses ennemis.

      • drolex@sopuli.xyz
        link
        fedilink
        arrow-up
        1
        ·
        1 year ago

        Oui très juste. Il fait un constat et propose des solutions (qui valent ce qu’elles valent) mais il ne veut finalement que traiter les symptômes sans se préoccuper des causes profondes. Son point de vue pêche effectivement par une absence d’analyse sociale et politique alors que l’énergie est un sujet stratégique qui ne pourra faire l’impasse sur des questions plus larges que la seule analyse technique.

        • le pouffre bleu@lemmy.world
          link
          fedilink
          Français
          arrow-up
          3
          ·
          1 year ago

          Il met la charrue avec les bœufs. Il répond à la question “comment produire” avant de poser les questions qui doivent la précéder : “pourquoi” et “pour qui”…

          Je dirai même qu’il s’emballe avant même l’utilisation de la charrue et qu’il sème sur une parcelle avant de l’avoir défriché. Parce qu’il pose pas non plus la question du “comment du comment” sa solution se met en place.

          Est-ce que je me répète ? Totalement, j’assouvis juste mon envie matinale de métaphore.

          • drolex@sopuli.xyz
            link
            fedilink
            arrow-up
            2
            ·
            1 year ago

            Je pense que sur la parcelle du mix énergétique, il a tendance à sulfater le glyphosate du nucléaire au détriment des pollinisateurs que sont le solaire et l’éolien, sans vraiment avoir pris le temps d’affuter les lames de la sarcleuse de l’acceptabilité sociale ou d’avoir prévu la micro irrigation qu’est la motivation politique.

            • Dremor
              link
              fedilink
              arrow-up
              1
              ·
              1 year ago

              Le rassemblement des trolls anonymes, c’est la deuxième porte à droite. Bonne journée.

              • drolex@sopuli.xyz
                link
                fedilink
                arrow-up
                1
                ·
                1 year ago

                Non non ça a été déplacé dans ce fil, le mémo a été envoyé hier il me semble ? C’est le rassemblement des amis de la dialectique et le cercle des opposants à la métaphore agricole qui ont leur réunion à la deuxième porte à droite.

        • luk___@lemmy.world
          link
          fedilink
          arrow-up
          1
          ·
          1 year ago

          Je pense que sa position est que mettre un pied dans le domaine politique discréditera son message. Je me souviens l’avoir vu répondre à je ne sais plus qui un truc du genre : “vous n’êtes pas inquiet parce que vous êtes riche et que les riches sous-estiment leur vulnérabilité” Ça s’appuie probablement sur des expériences de psychologie ce qui veut dire qu’il peut prouver factuellement son point alors que dans le domaine politique, il est difficile d’objectiver les choses, c’est une affaire de rapport de force.

          La limite est que tout est politique et on le voit bien. Le constat et les prédicats issus de la science ne font pas bouger la ligne.