Extraits pertinents

[Un decret] modifie la passerelle dispensant les docteur·es en droit du concours d’entrée à l’examen dans un centre régional de formation professionnelle des avocats (CRFPA). Normalement, les étudiant·es en droit doivent en effet passer un concours extrêmement sélectif nécessitant l’inscription préalable à une formation préparatoire dispensée par un institut d’études judiciaires (IEJ).

Désormais, la passerelle n’est plus automatique. Pour pouvoir en bénéficier, les docteur·es doivent remplir plusieurs conditions alternatives. Et c’est la première qui a mis le feu aux poudres au sein des universités de droit.

Cette première condition exige en effet que le ou la docteure ait « dispensé au moins soixante heures d’enseignements en droit, par an et pendant deux ans, au cours des cinq dernières années précédant la demande d’accès », mais également qu’il ou elle atteste « de compétences en droit français ».

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« Finalement, ça je ne change pas grand-chose dans l’accès à la profession d’avocat », reconnaît cependant Caroline Lantero. En effet, le doctorat étant le plus haut diplôme universitaire, de niveau bac + 8, ses détenteurs et détentrices disposent, en théorie, « de compétences en droit français » suffisantes pour entrer en école d’avocat·es.

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Officiellement, le but de cette réforme est de lutter contre « les thèses de complaisance », c’est-à-dire des doctorats accordés trop facilement à certain·es étudiant·es qui se retrouvent ensuite en école d’avocats sans avoir le niveau requis.

« Une partie des avocats, on ne sait pas pourquoi, ont une sorte de mépris, voire de détestation, envers les docteurs », affirme Joël Andriantsimbazovina. Un ressentiment qui s’exprimerait en premier lieu au sein des écoles d’avocat·es à l’égard des docteur·es ayant bénéficié de la passerelle.

« Ils sont souvent maltraités, méprisés par les élèves avocats », assure le chercheur. Il cite comme exemple de cette hostilité le fait que les docteur·es ont, sur leur robe, trois bandes d’hermine, tandis que les avocat·es n’en ont que deux. Or, lorsqu’ils sont à l’école d’avocats, « on leur fait comprendre qu’il ne vaut mieux pas mettre ces trois rangs ».