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Je ne suis pas CGT mais c’est le seul lien accessible que j’ai trouvé qui parle de ça.

J’ajoute le commentaire de @karmiKiwi@jlai.lu pour la vision des professionnels :

SUD culture a aussi envoyé une lettre ouverte à la ministre.

Ces déclarations sont clairement inquiétantes et méprisantes à l’égard des archéologues. Dati montre une méconnaissance dramatique du monde de l’archéologie. On ne fait pas “des trous pour faire des trous”, on documente les sociétés du passé. On ne fait pas des fouilles pour “se faire plaisir” c’est notre métier d’apporter de la connaissance avant que des sites soient détruits par de nouvelles constructions. On a fait 5 à 8 ans d’études pour ça. On participe à l’aménagement du territoire tout en préservant les données.

Dans ses tweets “précisant” sa pensée, la ministre considère qu’il faut baisser le nombre de prescriptions (“ne soient retenues que les prescriptions indispensables”) et que des “dérogations soient possibles”. En gros, les archéologues ne servent à rien et font chier. Pourtant, c’est l’État, par le biais du SRA qui prescrit. C’est pour le patrimoine qu’on travaille.

Au delà de l’aspect scientifique, d’un point de vue social ça serait dramatique. Ça mettrait des centaines d’emplois de gens en danger. Encore une fois des gens diplômés qui se sont fait chier à faire des études, qui acceptent d’être sous payés pour faire leur travail pour améliorer nos connaissances.

L’article du Parisien: https://www.leparisien.fr/yvelines-78/dans-les-yvelines-le-chateau-de-dampierre-erige-en-cas-decole-de-la-restauration-du-patrimoine-04-04-2024-A3HSHMTVOVEVLKZO63OXRPVJMI.php

Dans les Yvelines, le château de Dampierre érigé en «cas d’école» de la restauration du patrimoine

Elisabeth Gardet

Ses volutes dorées se dressent fièrement vers le ciel. Au château de Dampierre-en-Yvelines, la sentinelle est revenue. Majestueuse grille en fer forgée inaugurée en grande pompe ce jeudi matin, cette oeuvre d’art vient d’être ressuscitée par les ateliers Saint-Jacques du Domaine de Coubertin, quelques kilomètres plus loin, à Saint-Rémy-lès-Chevreuse.

Le retour de la grille d’honneur marque une étape symbolique majeure dans la restauration pharaonique du château de Dampierre,l’une des plus grosses opérations sur un monument historique privé en France.

Ce jeudi, devant un parterre d’élus locaux et de représentants des services de l’État, la grille flambant neuve a fait office de tapis rouge pour accueillir deux voitures officielles sous des trombes d’eau : celle de la ministre de la Culture, Rachida Dati, et celle de Jean-Noël Barrot, le ministre délégué chargé de l’Europe.

Franky Mulliez a investi 100 millions d’euros dans son «rêve»

Franck Mulliez, propriétaire du château depuis 2018, ne sait plus où donner de la tête. Au milieu de la cour pavée, devant ce joyau du XVIIe siècle restauré grâce à lui, il serre des mains sous les parapluies. Les photos pleuvent aussi. C’est l’heure de la visite guidée. Les ministres se glissent dans l’escalier. À l’étage, une vue imprenable sur la grille restaurée, héroïne du jour. Et sur l’immense plan d’eau qui accueille les balades en barque.

Grâce à cette restauration hors norme entamée en 2020 - entre l’achat du domaine et sa restauration, la facture avoisine les 100 millions d’euros -, le château de Dampierre, classé Monument historique, pourra accueillir 100 000 visiteurs d’ici à cinq ans. C’était la volonté de l’entrepreneur Franky Mulliez, lorsqu’il a racheté ce château, ancienne propriété des ducs de Luynes depuis 1657 : partager, « faire profiter ».

« Aujourd’hui, je suis heureux, dit-il. Je remercie tous mes complices : les mécènes, tous les compagnons qui ont travaillé ici. Je réalise un rêve dans ma vie. Après une belle carrière, je voulais renvoyer l’ascenseur. » Valérie Palmer, la maire (sans étiquette) de Dampierre, qui « suit le projet depuis ses premiers pas », veut saluer « la patience et le courage » de cet ancien entrepreneur, fondateur des magasins Kiloutou, qui a fait de la préservation du patrimoine son cheval de bataille. En affrontant « un parcours du combattant ».

Rachida Dati veut «simplifier le protocole» et «adapter les normes»

« Le château de Dampierre est un cas d’école en matière de préservation du patrimoine et de règles d’urbanisme, souligne la maire. Il pose cette question : comment la France accompagne les privés qui utilisent leur fortune au profit de la restauration ? Il y a un protocole qui mériterait d’être allégé. »

Rachida Dadi a bien reçu le message. « Une nouvelle législation sera bientôt adaptée au bâti ancien, qui permettra de simplifier le protocole, d’adapter les normes, a-t-elle annoncé. Il s’agit d’une grande avancée pour la protection du patrimoine. »

En abordant l’épineux dossier de l’archéologie préventive, qui impose des fouilles systématiques avant d’engager un chantier, la ministre de la Culture a osé cette comparaison. « Je défends les architectes des Bâtiments de France, a-t-elle assuré. Ils sont nos protecteurs contre la France moche et je les compare parfois aux inspecteurs des impôts, mais en matière de fouilles préventives, il y a toujours des dérogations possibles. »

Rendre hommage aux compagnons du devoir

« Il ne faut pas faire des fouilles pour se faire plaisir… ou alors on ne fait pas payer. Il y a aura, quoi qu’il en soit, des compensations de l’État, a ajouté la ministre. Je préfère mettre de l’argent dans la restauration du patrimoine plutôt que de creuser un trou pour creuser un trou. »

L’inauguration de la grille du château, symbole de son souffle nouveau, intervient en plein milieu des Journées européennes des métiers d’art, une manifestation annuelle qui se poursuit cette année jusqu’à ce dimanche 7 avril.

Pour Jean-Noël Barrot, le ministre délégué à l’Europe, le chantier conduit à Dampierre offre aussi une occasion de rendre hommage au travail des Compagnons du devoir, « les meilleurs talents, qui perpétuent un savoir-faire français ». « C’est un grand jour pour la vallée de Chevreuse, le département des Yvelines et la France », a souligné le ministre, saluant en Franky Mulliez « un homme providentiel, à la fois entrepreneur et rêveur ».