*quelques orceaux *
Le Parlement a voté une loi d’accélération du nucléaire cherchant à simplifier toute une série de procédures administratives. Et la nouvelle autorité de sûreté reconnaît, par la voix de son directeur général adjoint, Julien Collet, que la visite des quarante ans des centrales a demandé un travail « d’une ampleur hors norme » et que celle des cinquante ans sera « un peu différente dans son approche ».
Le 3 février 2023, le rapport Verwaerde avait été présenté et discuté en conseil de politique nucléaire, une réunion de haut niveau autour du président de la République, et qui a la particularité d’être en grande partie couverte par le secret-défense. Alors, qui a eu le droit de connaître ce rapport ? Pas les responsables concernés au premier plan : ni l’ancien directeur général de l’IRSN, Jean-Christophe Niel, ni l’ancien président de l’ASN, Bernard Doroszcuk, ni le président de la nouvelle ASNR, Pierre-Marie Abadie, selon les informations de Mediapart. L’ancien ministre de l’industrie, Roland Lescure, assure n’en avoir « jamais entendu parler ». Le cabinet d’Agnès Pannier-Runacher, ministre de la transition écologique en 2023, et chargée à ce titre de porter la loi d’accélération du nucléaire, répond que « ce rapport a été commandé par l’Élysée » et que « son contenu est classifié, de sorte que [le cabinet] ne [peut] ni infirmer ni commenter » la moindre question le concernant.
Alors pourquoi tant de mystères ? Est-ce parce que le rapport critique assez vertement EDF, constatant qu’après « vingt années de doute quant au nucléaire, la sphère industrielle française n’est pas prête pour réaliser avec succès ce nouveau programme » de construction de réacteurs atomiques ? L’industriel, « que l’État a positionné comme le chef de file de la filière nucléaire française, s’est en réalité comporté en pur acheteur », « détruisant tout esprit de partenariat » au sein de la filière, écrit l’auteur. Au point que selon lui, « le nucléaire civil, contrairement au nucléaire de défense, n’est plus une Œuvre commune, pour laquelle chacun agit au bénéfice du résultat commun et de l’intérêt supérieur de l’État, mais une mosaïque d’intérêts individuels, sans orientation commune et jusqu’à peu, en position de survie ».