• @inlandempireOP
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    10 months ago

    Quelques extraits d’analyses très intéressantes :

    embarrassant le premier degré de cette nostalgie de carte postale d’un temps de cases bien rigides où la jolie dame en rose qui dansait avec Jean Miche était autorisée ni à ouvrir un compte en banque ni à travailler sans l’accord de son mari.

    anachronisme qui consiste à représenter par des gens supposés plus Français que la France, une équipe nationale qui va chercher ses joueurs aux quatre coins du monde : "Dans une nation dont le XV est un kaléidoscope de racines qui effleurent aussi, au Maroc et à Futuna, à Bobigny et en Nouvelle-Zélande, au Portugal et à La Seyne, se tripote la franchouillerie version 1954 .

    les valeurs de la performance Reflets de France années 50 de Jean Miche sont presque celles que l’on va retrouver lundi matin en se réveillant : un pays où l’on parle du retour de l’uniforme à l’école, où le Président jupitérien décide des 49.3 comme un chef de village incontestable, où l’on dit perlimpinpin et saperlipopette, où il faut faire deux heures de caisse pour trouver un médecin, où les hommages culturels vont au Puy du Fou

    là où le foot s’est vautré dans l’individualisme écervelé et la soumission au capitalisme mondialisé avec ses coupes du monde dans les puits de pétrole et ses stars vieillissantes qui vont y finir leurs jours, le rugby voit dans l’affichage des places de village et des boulangeries la parfaite synthèse discursive des élites qui le portent en étendard sportif : “Principe fondamental de cette construction idéologique du corps sportif moderne, l’amateurisme comme éthique sert alors à combiner la notion d’honneur aristocratique et le culte de l’effort bourgeois tout en prônant les vertus formatrices de la participation, de la maîtrise de soi et de la loyauté

    la mise en récit de ce sport comme un idéal populaire s’inscrit dans la narration des classes supérieures, qui glorifient le passé des campagnes et des bars de village pour asseoir, ici et maintenant, leur propre domination sur leur vision du sport et de la société. Le narratif qui domine le rugby est un mirage populaire au service des classes bourgeoises. Avec cette forme permanente de culpabilisation : si vous critiquez votre pays et ses traditions, c’est que vous n’en êtes pas dignes.