Hier soir, je lisais tranquillement Dracula de Bram Stoker en VO, en écoutant de la musique klezmer sur ma TSF grésillante. J’essayais de rattraper mon retard sur le club de lecture de la communauté !vampires@lemmy.zip (après avoir été racolée par @pseudo@jlai.lu).
Je suis tombée sur l’expression to spin a yarn, qui veut dire raconter une longue histoire. Je me suis donc mise à réfléchir à toutes ces expressions littéraires qui “filent la métaphore” du textile.
En anglais l’expression to spin a yarn viendrait des marins, qui racontaient des histoires pendant qu’ils filaient la laine.
J’ai également trouvé :
- to weave a tale : raconter une histoire, pas forcément véridique, mais divertissante.
- "Thought is a thread, and the raconteur is a spinner of yarns — but the true storyteller, the poet, is a weaver"
Il est intéressant de noter que le mot “texte” vienne du latin textus qui veut dire tissu, trame.
D’ailleurs, en français, ne dit-on pas tisser la trame d’un texte ?
Le papier lui-même, fait de fibres végétales, a une trame (pensez notamment aux papiers vergés, dont on voit très bien la trame).
J’ai ensuite pensé à l’expression : “broder” sur un sujet…
En bref, je vous propose de lister ici toutes les expressions et métaphores littéraires autour du textile. Toutes les langues sont les bienvenues.
Je ping !microfictions@jlai.lu si cela les intéresse de participer !
Faire la navette. Battre à plate(s) couture(s).
Pour battre à plate couture, le Littré dit :
Je ne comprends pas trop ce qu’on entend par « frapper » ou « battre » une couture.
Pour moi (on demandera confirmation aux experts de la couture), c’est parce que le tissu peut être très raide. Donc pour l’assouplir, on le bat avec des lattes de bois. Comme on disait “battre le linge” au lavoir. On dit aussi “rabattre les coutures”.
Ah voilà, Projet Voltaire explique :
J’avais jamais pensé à faire la navette…pour moi c’était les bateaux-bus dans un port ou les bus navettes…
Sauf erreur de ma part, ces modes de transports sont justement appelés des « navettes » parce qu’ils effectuent des va-et-vient incessants entre deux lieux, comme la navette d’un métier à tisser. (Et puisque la navette des tisserands tient son nom de sa forme qui rappelle un bateau, il y a pour les bateaux-bus un retour aux sources assez amusant.)
Il me semble que l’expression « faire la navette » (on disait aussi « jouer de la navette » à une époque) est plus ancienne que la pratique d’utiliser directement le substantif « navette » pour désigner un mode de transport ou un véhicule. Voir les définitions du CNRTL et le Littré.
Edit : Le Littré mentionne aussi cette ancienne expression pour parler d’un bavard : « la langue lui va comme la navette d’un tisserand » — très pratique pour insulter quelqu’un discrètement en 2025.