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Reportage
Depuis Noël, l’ex-candidat du NPA à la présidentielle préparait en secret sa reconversion. Nous avons suivi ses premiers pas d’apprenti. Dans sa librairie Les 400 coups, il pourra compter sur son immense capital de sympathie.
En ce matin de mars ombrageux, le soleil vient de faire une apparition rien que pour Philippe Poutou. Le porte-parole du Nouveau Parti anticapitaliste (NPA) prend l’air devant la librairie Libertalia, à Montreuil, en Seine-Saint-Denis. Des passants le reconnaissent et le saluent depuis le trottoir d’en face. Lui répond d’un signe de la main et d’un sourire, en poursuivant sa conversation avec « Béa », Béatrice Walylo, sa compagne à la ville depuis quinze ans, à la scène aussi – puisque tous deux figuraient en 2009 parmi les fondateurs de ce mouvement tout neuf. « Il faut qu’on achète un petit aspirateur », dit Philippe Poutou. Un aspirateur ? Oui. Pour la librairie dont le couple est en train de faire l’acquisition à Bordeaux. La librairie Les 400 coups. A croire que l’enseigne n’attendait qu’eux.
Philippe Poutou change de vie. Philippe Poutou est libraire – c’est presque fait. En attendant, Béatrice Walylo et lui sont stagiaires chez Libertalia pour apprendre le métier auprès de Nicolas Norrito et Charlotte Dugrand, à la tête de cette librairie très fréquentée et des éditions du même nom où les livres réédités de Jack London, le London du « Talon de fer », de « la Peste écarlate » ou de « Grève générale », sous des couvertures graphiques…
Morceaux choisis :
« Ils ne seront jamais prêts à temps, c’est sûr », nous dit Nicolas Norrito, d’un perfectionnisme légendaire, qui voit son ami près du comptoir en train de discuter tranquillement depuis une heure avec un client de tout autre chose que de livres, comme s’il allait devenir libraire d’un coup de baguette magique.
Tous ses amis le lui disent, il va devoir se mettre à lire « le Monde des Livres » et regarder « la Grande Librairie » (France 5), ce qui n’est pas à ce jour le genre de la maison. La preuve : il ne voit pas qui est Leïla Slimani, laquelle fait pourtant depuis quelques années les belles heures de chez Gallimard avec, entre autres, le prix Goncourt reçu en 2016. Il est vrai qu’il peut compter sur un capital auquel Pierre Bourdieu n’a pas pensé : le capital sympathie.
« Je suis en apprentissage », dit-il volontiers, avec un sourire qui ne sera jamais commercial.
Il y a celui qui dit : « Vous ressemblez à Philippe Poutou », et l’intéressé qui répond : « Merci pour le compliment » - comme dans un film de Lubitsch.