Après deux ans à diversifier ses champs d’action, La Quadrature du Net s’attaque désormais à un nouveau front : la lutte contre le déferlement de l’intelligence artificielle (IA) dans tous les pans de la société. Pour continuer à faire vivre la critique d’une politique numérique autoritaire et écocide, La Quadrature a plus que jamais besoin de votre soutien en 2025.
Alors c’était intéressant, le début en tout cas. Par contre Félix, j’ai un ou deux trucs à ajouter à ce qu’il dit. Alors voici ma réponse à l’invitation à participer à la déconstruction du débat dominant qui, dans ce qui est peut être ma propre bulle, est en français à 100% hostile. Je mets même pas 99%, j’ai pas entendu UN SEUL discours en Français qui soit positif sur ces technos dans mes sites d’actus ou réseaux sociaux.
Sur l’accumulation de données. Le premier gros dataset d’apprentissage s’appelle The Pile, il est ouvert et il a été déclaré illégal. Common Crawl, FineWeb, sont d’énormes datasets ouverts. Il n’est pas évident qu’on ait besoin de beaucoup plus. Ce que les grosses boîtes font derrière leurs portes fermées, c’est probablement pas de l’achat d’informations, c’est du pur piratage. on pourrait décider que c’est ok pour de l’apprentissage d’injecter des données sous copyright. Les boîtes privées s’en arrogent le droit parce que c’est une zone grise et de toute façon c’est difficile à prouver. Les modèles ouverts ne demandent juste qu’avoir les mêmes possibilités
Sur les ressources, on a de gros calculateurs disponibles dans la fonction publique. En France, on a un calculateur qui s’appelle le Jean Zay. Plein de labos publics en ont. C’est à nous. C’est pas quelque chose de privé ou d’inaccessible. Faut pas oublier qu’on a le droit d’exiger que les ressources publiques soient utilisées aux biens publics.
Sur l’eau et les terres rares et les conséquences écologiques. Je vous invite à chercher des nombres si vous voulez débattre du fait que c’est un sujet écologique plus que marginal. Quand on fait les calculs c’est réellement pas un sujet (par contre interdisez les bitcoins bordel!)
Il est indéniable que le gouvernement qu’on a n’aime pas les services publics et qu’on ne peut pas prendre ses discours sur le sujet pour argent comptant. Il est clair que leur but est avant tout de virer les gens et que l’IA est souvent un cache-misère. Ça doit pas nous dispenser de poser la question de son utilité pour le service public parce que c’est un domaine dans lequel il est évident que ça peut aider énormément. Pour l’enseignement, pour l’accueil, pour l’explication de procédures imbitables.
La démultiplication du pouvoir d’action du service public est une possibilité à coté de laquelle on ne doit pas passer et ce, d’autant plus que les risques de dérive existent. Donc il faut non seulement être là, être enthousiaste et vigilant. Perso je suis très enthousiaste sur les possibilités des chatbots dans le monde de l’enseignement mais la dernière chose que je veux c’est qu’il n’y ait pas des profs dans la boucle quelque part.
Quant à la partie sur le fait que c’est des outils de domination en fait ça me désespère parce que non seulement on peut dire ça sur tout ce qui a un prix associé vu que les plus riches sont les plus aptes à en accumuler beaucoup, mais le pire c’est que c’est en plus beaucoup moins vrai pour l’IA où là il y a vraiment peu de phénomène d’accumulation. Il y a plein de modèles qui sont ouverts, (au passage énorme victoire pour des mouvements non capitalistes tels que l’open source qui pour le coup a joué la subversion en convainquant des groupes comme Meta ou Google) mais aussi, c’est relativement pas cher à faire tourner. Et la barre à investir pour être indépendant des grands groupes et ne rien leur devoir, elle est vraiment basse. On parle même pas de millions d’euros, on parle de dizaines de milliers d’euros.
Le risque, pour moi, il est au contraire que la critique de cette techno nous aveugle au point de ne pas juste ramasser ces fantastiques outils de résistance que les gros groupes n’arrivent pas à garder pour eux.