Repris avec autorisation sur Mastodon :

Aujourd’hui j’ai appris comment Wikipédia fonctionne.

Wikipédia, c’est une encyclopédie libre à laquelle tout le monde ou presque peut participer, et en cas de désaccord le dernier mot revient toujours à un petit groupe majoritairement composé de mecs cis blancs bourgeois, aussi appelés « administrateurs ».

Pour les administrateurs, il est normal de faire un sondage aux questions orientées pour demander comment balancer les deadnames de personnes trans, et de restreindre les votes à la condition d’avoir contribué plus de 50 fois. Attention cependant, si vous entrez dans les critères d’admission mais que votre vote ne convient pas, il est possible que ces critères soient modifiés officieusement, faisant passer votre vote comme suspicieux, par exemple en décidant a posteriori que les contributions doivent être de 2024.

Il est aussi normal de suggérer de passer la restriction à plus de 500 contributions, toujours a posteriori, risquant l’exclusion de facto d’une grande partie des contributeurices plus jeunes, car même au rythme d’une par jour non-stop, il faudrait 1 an et demi pour atteindre le quota minimal.

Apparemment, il est normal aussi de considérer que le droit d’informer prévaut toujours sur la sécurité des personnes concernées. Si cette règle était appliquée, ça voudrait dire que des informations sensibles comme celles qui ont été diffusées puis supprimées par BFMTV lors de l’attaque de l’HyperCasher pourraient être publiées sur Wikipédia. Mais cette affirmation ne semble pas gêner les admins.

Il est normal, enfin, d’accuser les contributeurices trans qui viendraient participer aux discussions de faire du militantisme, inversion de charge classique des transphobes qui auraient tort de s’en priver, puisque ce sophisme fonctionne à tous les coups sur les centristes et autres personnes politiquement naïves.

En revanche, pour ces administrateurs, il est inacceptable de prévenir que des interventions dans un débat sur le deadnaming impliquant une majorité de cisgenres puissent relever de la transphobie. Pire : on a frôlé la calomnie, voire la diffamation, avec un trigger warning “transphobie”.… Et ce par un des mecs cis qui ont le plus contribué à la rédaction de la recommandation Wikipédia sur les conventions de style liées à la transidentité (mais, comme il le dit, il s’est fait critiquer par les trans et les transphobes pour ça, c’est la preuve qu’il est neutre) (en plus il s’est mis un badge “je suis féministe” sur sa bio donc hein).

Tout aussi inacceptable pour eux est de communiquer extérieurement l’existence de ce sondage pour signaler aux personnes concernées qu’on parle d’elles et de leurs potentiels traumatismes. Sous peine de bannissement perpétuel. Oui oui, poster le lien vers un sondage public est puni avec la même sévérité que du vandalisme purement malveillant, y compris si vous êtes présidente d’une association contribuant activement à générer des biographies de femmes de l’Histoire pour atténuer le gouffre qui sépare le nombre de biographies d’hommes de celles de femmes (81% / 19%).

Et attention, si vous montrez un désaccord avec eux, les administrateurs auront le loisir de vous considérer de mauvaise foi et de vous prêter des actions que vous n’avez pas commises, comme avoir fait du démarchage sur des canaux privés. La punition est double : demande de bannissement à vie, et mégenrage. (Sur un accord “oublié”, mais on ne me fera pas croire que c’est un oubli pile à cet endroit, à propos de transidentité, alors qu’il conjugue parfaitement des accords beaucoup plus compliqués ailleurs. Moi aussi je peux prêter de la mauvaise foi.)

D’ordinaire je ne me serais pas permis de publier ces messages, mais étant donné que le caractère publique des toots est la seule et unique raison pour laquelle leur dénonciation sur les discussions WP est admise, j’imagine qu’il n’y a aucun souci à ce que je publie ces messages, publiques eux aussi, afin qu’on en discute dans un espace ouvert.