Mégafil : Le monde paysan (Ressources)

Extrait

Je voudrais évoquer dans ce billet un point aveugle des discours apologétiques sur les fermes dites « agroécologiques », pour reprendre le terme le plus vague et le plus fourre-tout, et donc le plus à la mode.

Dans ces lieux qu’on nous offre souvent en exemple ou plus encore en véritable modèle à suivre, j’ai remarqué à plusieurs reprises qu’une question semblait passer largement à la trappe et rester hors du radar des fans, alors qu’il s’agit pourtant de la question fondamentale de l’économie politique, à savoir celle du travail, de sa rémunération… et de son exploitation.

On va donc voir que parfois, dans ce milieu, quand on parle d’une « exploitation agricole », le côté « exploitation » est bien plus développé et performant que le côté « agricole »…

A tout seigneur tout honneur, commençons par aller faire un tour chez le gourou le plus médiatisé, à savoir Pierre Rabhi. Quand avec des copains nous sommes allés visiter la ferme expérimentale de ses disciples de Terrre et Humanisme, on se demandait comment les miracles agronomiques vantés par le site Bastamag pouvaient exister, et on se doutait bien que la question de la main d’œuvre faisait partie de l’équation à résoudre:

http://afis-ardeche.blogspot.fr/2012/09/humanisme-notre-visite-chez-des.html

Ceux qui ont lu ce compte-rendu de notre visite savent que de miracle agronomique il n’y en avait point, mais que même les piteux résultats obtenus l’étaient sur la base de l’utilisation massive de travail gratuit et de dons divers et variés :

  • Contribution financière ou en nature des riches parrains de l’association et de personnes solidaires
  • Contribution par définition non rémunérée des bénévoles. Extrait de notre compte-rendu :

« TetH accueille entre 150 et 170 bénévoles par an. Ils ont beaucoup de demandes, alors ils limitent la durée de bénévolat… à une ou deux semaines. D’ailleurs sur le site, il est indiqué que c’est complet jusqu’en octobre.

On apprend aussi sur le site dans le chapitre « devenez bénévole », que le bénévole s’engage à travailler 6 heures minimum par jour, « La durée de participation aux activités est de 6 heures minimum par jour (début de la journée de travail de bonne heure pendant l’été !) », mais aussi qu’il doit « Une participation solidaire aux frais inhérents à votre séjour vous sera demandée : 4 euros par jour en période de formation, 3 euros hors période de formation » en plus de l’obligation d’adhérer à l’association pour 16 euros.

Petit calcul : 10 jours X 6 heures par jour X 150 personnes = 9 000 heures de travail gratuit par an. Souvent les employeurs se plaignent du coût trop élevé de la main-d’œuvre en France, même lorsqu’elle est au SMIC, TetH a trouvé une solution à ce problème et sait comment faire travailler les gens gratuitement »

Parfois même, la main d’œuvre paie de sa poche pour venir travailler, dans le cadre des stages de formation. Cette autre ressource permet elle aussi à l’association de vivre sans dépendre de sa rachitique production agricole, mais en plus, on l’a constaté lors de la visite, les stagiaires payants effectuent un vrai travail lors de leur séjour, comme par exemple de constituer des buttes qui vont rester en place et être utilisées.

Aujourd’hui, ça commence à se savoir que toute l’entreprise Rabhi est une vaste escroquerie […]