Au loin des nuages poignants roulent sans bruit,
comme attachés à des points de fuite
derrière les étoiles.
Ils grondent en fait de millions de fragments de
ce qui aurait du être.
Un vent chaud secoue les herbes ; elles pleurent
ce qui n'a pas pu être.
Les nuées d'insectes n'ont plus la force de s'élever :
ils viennent se blottir contre la terre,
aussi lourds qu'elle.
Quelle profondeur font ces nuages ? Je reste pour voir.
Ce ne sont pas des métaphores plates :
ils viennent de grands élans ascendants
qui veulent prendre racine dans l'azur.
Dans cette forêt fantasmatique pointant vers le concret,
les elfes ouvrent des éclaircissements,
les farfadets tissent un subtil inter-réseau d'inspirations,
et les geais bleus s'envolent pour colporter des images.
Quand plus bas les micro-gouttelettes du vécu s'agrègent,
parfois se cristallisent, enfin elles peuvent tomber cisailler l'air convenu.
La cellule qui les contenait finit par s'étioler,
et les voilà toutes libérées,
courant entre les feuilles, les herbes, les gravillons, l'humus.
Il en aura fallu des entrechocs pour en arriver là !
D'immenses décharges de ce qui a miroité finissent par grésiller de toute part.
On n'entend plus que ça. Elles s'enracinent dans ce chaos dissipatif.
J'ai tendu la main ; parfois elles me traversent.
Une fois passés, les orages laissent un paysage bouleversé.
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