« Pour les dirigeants de Spotify, l’utilisateur moyen de la plateforme ne remarquera pas si les chansons sont produites par de faux artistes »
La journaliste Liz Pelly explique comment elle a révélé un programme secret mis en place par spotify. Celui-ci vise à remplir des playlists ultrapopulaires de morceaux créés par des auteurs fictifs, afin de diminuer la part des revenus à reverser aux artistes.
Rationalité
Coucou, effectivement la plupart des gens sont rationnels, leurs actions épousent étroitement une cohérence à leurs objectifs, leurs valeurs, leurs affects, et leurs traditions. Moins cette cohérence est étroite, plus iels sont irrationnel·les, mais il faudrait alors passer en revue chaque type de cohérence de l’action : par exemple, en sociologie du moins, la cohérence de l’action à ses affects, même lorsqu’elle nous empêche (et empêche autrui) de résoudre des problèmes, est considérée comme rationnelle.
Dans le langage courant, j’imagine que dire que les gens ne seraient pas rationnels veut dire qu’ils ne le seraient pas de la bonne manière, et par exemple que mettre Spotify en bruit de fond poserait un problème de valeurs.
Déresponsabilisation des découvertes de contenus
Il se trouve que je réfléchissais hier au sujet des algorithmes et que je n’ai pas encore mis en place un système de PKS sérieux, donc vous allez devoir souffrir : le beau me paraît être, depuis plusieurs semaines, une question d’infrastructure ; une question de soin certainement, mais même alors de tuyauterie, d’attention consacrée à la circulation des ressources dans le corps d’autrui, à sa digestion, à sa respiration, ainsi qu’à sa structure (osseuse, musculaire, cérébrale, etc.)
Il est bien évident que le sujet du beau n’est pas nouveau, et que de nombreuses personnes ont déjà écrit à ce sujet. Mais j’ai toujours été une quiche en philo, donc je voudrais simplement ajouter que les algorithmes de suggestions automatiques déresponsabilisent l’utilisateur·ice, les bercent ; ce n’est pas un souci et il est parfois préférable de se laisser porter, comme avec les recommandations éditoriales de Mozilla Pocket ; mais les recommandations algorithmiques de Spotify, comme de YouTube et d’Android, sont à l’inverse d’une qualité désatreuse. J’y vois une promotion algorithmique d’un agenda politique d’extrême-droite, le PDG de Spotify ayant donné $150 000 à la campagne de Trump, si je ne dis pas de bêtise ?, mais ce fonctionnement a dans tous les cas pour effet de déresponsabiliser l’utilisateur·ice dans sa découverte de contenus, et donc, sur les réseaux sociaux, dans un contexte de codépendance de ses processus cognitifs avec les interfaces utilisées, voire dans les cas d’addiction reconnus par l’American Psychological Association de réduction modélisatrice de l’utilisateur·ice à un ensemble de sous-processus bio-électroniques, dans la découverte des contenus qui modéliseront sa pensée.
Le problème en soi n’est ni les algorithmes, ni l’infogérance de recommandations éditoriales. Le problème subsiste même avec Mastodon, logiciel de microblog dont l’algorithme est purement chronologique : cependant, dans un contexte maternisant et relevant de la maltraitance de déresponsabilisation des processus techno-cognitifs, développer des processus purement reproductibles de découverte de contenus, comme les flux RSS, peut être une nécessité.
Infrastructures et vote RN
Je pense plus généralement que la beauté des infrastructures pourrait être mise en lien avec le vote pour l’extrême-droite : M6, en abusant ouvertement d’une infrastructure inférieure pour proposer des contenus médiocres – du moins tant que les enfants sont éveillés – me paraît promouvoir des pensées automatiques réactionnaires. La publicité et la discussion du vote RN, bien qu’éminemment racistes, pourraient être de ce point de vue interprétées comme une infrastructure symbolique concurrente par laquelle résoudre des problèmes et prendre soin de ses proches ; vérifier cette hypothèse suggérerait un travail associatif concret et accessible de promotion des logiciels libres, en tant qu’infrastructures de communication performantes, contre la montée de l’extrême-droite.
Je ne suis donc pas particulièrement étonnée de découvrir un cas particulier dans lequel le PDG de Spotify (1) abuse des algorithmes de recommandations automatiques pour (2) être une pourriture, mais je ne saurais trop recommander aux internautes, pour leur propre santé mentale, de télécharger leur musique sur Bandcamp, Faircamp, Qobuz, et The Pirate Bay. Produire des algorithmes de recommandations éditoriales à peu près médiocres, telle la promotion de musiques générées par IA, a en tout cas des ramifications plus profondes que ce à quoi on pourrait s’attendre.
Dans le genre, meme si tu ne suis pas les recommendation de Spotify, le mode de lecture aléatoire de Spotify est biaisé vers certains titres plus que d’autres.
J’utilise un service qui traque toute mes écoutes, la distribution statisque est totalement biaisé vers certains titres.
D’écoute aléatoire par rapport à ta propre playlist ? C’est intéressant, quel est le nom du service ?
Oui. Le lien viens d’ailleurs de disparaitre ces 2 dernières semaines:
https://web.archive.org/web/20250110171606/https://engineering.atspotify.com/2014/02/how-to-shuffle-songs/
https://www.last.fm/
Dans mes top des tracks écouté de 2024, j’ai des trucs liké y’a des années, que je n’aime pas énormément, mais qui reviennent sans cesse dans le shuffle automatique de Spotify.
Merci beaucoup !