Quels sont vos plaisirs cinématographiques coupables?

Je poste ceci ici comme c’est une question assez générale qui peut concerner tout le monde.

Pour une communauté centrée sur le cinéma, il y a !cineseries@jlai.lu

  • @Sphks@lemmy.dbzer0.com
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    fedilink
    Français
    74 months ago

    Il fut un temps, je m’enchaînais les films controversés. J’allais voir sur Allociné tous les films avec des notes minables + excellentes. Souvent, ce sont des films réservés à des gens qui en ont marre du héros qui sauve le monde, ou du couple impossible avec un quiproquo au milieu du film et qui marche à la fin. C’est réservé à des spectateurs qui aiment la réalisation cinématographique presque plus que le sujet du film en lui-même.

    Quelques exemples de films qui m’ont marqués :

    Rubber. Film de Quentin Dupieux, les connaisseurs de ce réalisateurs savent que ça va être bizarre. C’est l’histoire d’un pneu dans un désert, qui prend vie, et qui va commencer à tuer des gens. Mais on suit des spectateurs qui sont venus dans le désert pour voir l’évènement. C’est barré. Le dernier tiers est moins intéressant. Pourquoi c’est bien ? C’est un tour de force de prendre un pneu et de lui donner vie devant la caméra. Nous en tant que spectateur, on y croit. Il y a des vues subjectives du pneu, des plans à hauteur du pneu, des plans serrés du pneu… il y a aussi des silences pour mimer le pneu qui réfléchi… ou des bruits pour faire comprendre que le pneu tue. Avec tout ça on adhère au fait qu’un pneu peu prendre vie. C’est fort.

    Holy Motors de Leos Carax. Là encore, on sait que le réalisateur fait toujours des trucs bizarres. On y suit un saltimbanque professionnel qui passe une journée à aller jouer d’endroits en endroits. C’est absurde, on l’interprète comme on veut. Je l’interprète comme une exagération des relations sociales qui sont légèrement artificielles. On est tous très légèrement hypocrites, égocentriques, avec des dialogues intérieurs qu’on intériorise - on n’est jamais tout à fait franc. C’est particulièrement le cas au travail où l’on jongle entre ne pas vexer les gens, faire des trucs pour l’intérêt de l’entreprise, faire des trucs pour son propre intérêt et sa carrière, et être épuisé de tout ça. Holy Motors c’est un peu ça, en cinglé.

    Cohérence de James Ward Byrkit. Lorsqu’on regarde ce film pour la première fois, on trouve que c’est étrangement joué. Les acteurs ne paraissent pas naturels, mais ça parait naturel quand même. En fait, le film a été tourné en quelques jours - sans script ! Le réalisateur a préparé des fiches qui décrivent les idées que chaque acteur doit faire passer aux autres dans chaque scène. Les fiches sont spécifiques à chaque acteur/personnage, donc personne n’a de vue d’ensemble du scénario (à part le réalisateur). Comme il n’y a pas de script, ça arrive que les acteurs souhaitent prendre la parole en même temps. Le moins sûr de lui va s’interrompre et laisser l’autre parler - ça ne nous semble pas naturel pour un film. Pourtant c’est très naturel dans la vie. Parfois, des acteurs sont complètement déconcertés, ou sursautent, car il y a des choses étranges qui se passent. Quand on connait la réalisation, on comprend que ce n’est pas joué. Les acteurs sont vraiment perdus et essayent vraiment de comprendre et de démêler ce qui se passe. C’est une sorte d’escape room filmée avec talent.

    • Obercail
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      Français
      44 months ago

      Pas vu Holy Motors, mais vu les deux autres il y a moyen que ce soit ma came. Ca faisait longtemps que j’avais pas entendu parler de Cohérence. J’ai regardé ce qu’était devenu le réalisateur, et il prépare une série sf, hommage à la 4eme dimension : Shatter Belt. J’ai hate de voir ca.

      • @Sphks@lemmy.dbzer0.com
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        fedilink
        Français
        4
        edit-2
        4 months ago

        Si c’est ta came, j’ai pire.

        Bikini Bandits, sortie directe en DVD. C’est du pur jus de réalisateur qui recherche de la nouveauté. C’est un agglomérat d’essais sans fil rouge. Génie ou merde ? La mise en abîme va jusqu’à des extraits de conversations téléphoniques entre le réalisateur et l’acteur principal (Corey Feldman, acteur has been) dans lesquelles l’acteur demande qu’est-ce qu’il fout là.