Prévues du 22 au 26 juillet 1936, dix jours avant l’ouverture des Jeux nazis de Berlin, les Olympiades populaires de Barcelone ne pourront se tenir du fait du coup d’état de Franco. Une partie des sportifs et sportives venu·es sur place restera cependant et prendra les armes pour défendre la démocratie espagnole contre les forces réactionnaires et fascistes. Si ces premiers Jeux antifascistes ne purent avoir lieu, ils restent une marque de la résistance en acte de sportives et sportifs attaché·es à promouvoir par le sport, un modèle de société émancipateur et démocratique.

Face à des Jeux olympiques devant se dérouler à Berlin, capitale du IIIe Reich, et servir de vitrine à la propagande nazie, un mouvement mondial de boycott inédit s’organise, le premier dans l’histoire des Jeux olympiques. L’attribution des Jeux en 1931 à Berlin plutôt qu’à Barcelone a tenu en partie à ce que Pierre de Coubertin et certains caciques du CIO étaient « effrayés » par la jeune République espagnole… et l’avènement d’Hitler en 1933 ne les a visiblement pas dérangés plus que ça.

Aux États-Unis et en Europe des manifestations s’organisent rassemblant plusieurs centaines de milliers de personnes, des pétitions sont lancées, l’une d’elle est signée par plus de 500 000 personnes ! Un mouvement populaire antifasciste est en marche. L’Internationale rouge sportive (IRS, organisation auxiliaire du Komintern appelée également « Sportintern ») crée à Paris un Comité international pour le respect de l’idée olympique. De son côté la Fédération sportive et gymnique du travail (FSGT), née de la réunion fin 1934, justement sous l’égide de la lutte antifasciste, des fédérations sportives socialiste et communiste, lance le slogan : « Pas un sou, pas un homme pour les JO de Berlin ! ». Si à l’image du journal Sport nombreux sont celles et ceux qui demandent « le transfert des Jeux dans un autre pays », le CIO reste droit dans ses bottes. Pire il attribue les Jeux d’hiver de 1936, à Garmisch-Partenkirchen, en Bavière… six mois après l’accession au pouvoir d’Hitler !

La campagne de boycott, réactivée en 1935, ne parvient toutefois pas à convaincre les fédérations des différents pays de ne pas aller à Berlin. En avril 1936 une Conférence internationale pour le respect de l’idée olympique se tient à Paris prend acte de l’échec du boycott et propose un autre plan, l’IRS projette en effet la tenue de « jeux sportifs populaires » dans plusieurs pays en forme de manifestations populaires antifascistes contre « l’Olympiade hitlérienne » de Berlin. L’idée d’une alternative aux Jeux olympiques n’est pas nouvelle, l’IRS a déjà organisé des Olympiades communistes alternatives aux Jeux olympiques, les Spartakiades, dont la première édition s’est tenue à Moscou en 1928.

Après la victoire du Frente Popular aux élections législatives de janvier 1936, l’IRS donne dès février la consigne à sa section espagnole, la Federación cultural y deportiva obrera (FCDO), de « prendre les dispositions pour organiser des jeux populaires espagnols en été de cette année, au moment de l’Olympiade hitlérienne de Berlin ». Issus principalement des fédérations sportives ouvrières, on estime que 6000 athlètes appartenant à 22 pays devaient participer à ces Olympiades populaires.

La cérémonie d’ouverture prévue pour le 19 juillet, devait voir défiler des équipes représentant à la fois des États-nations et des nations sans États aux côtés des juif·ves qui avaient fui l’Europe et des peuples colonisés d’Afrique du Nord. Tout un symbole internationaliste qui ne verra pas le jour. Le soulèvement nationaliste des 17 et 18 juillet prélude de la Guerre civile espagnole empêchera les Olympiades de se tenir. Une partie des athlètes prendront les armes et iront sur les barricades avec les frères et sœurs catalan·es, un athlète français en est mort, première victime internationaliste du conflit. Les troupes militaires repoussées, on dit que les athlètes ont défilé dans les rues en chantant L’Internationale dans toutes les langues.

David (UCL Savoies)