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À l’étroit sur le marché britannique, Virgin Trains, la compagnie ferroviaire fondée par Richard Branson, veut concurrencer Eurostar à l’horizon 2030. Elle a déjà conclu un accord avec Alstom pour la livraison de 12 TGV.

Ce jeudi, réserver un aller-retour Eurostar entre Bruxelles et Londres – pour un week-end de dernière minute entre vendredi soir et dimanche soir – était encore possible, avec de nombreuses places disponibles. Mais pas à n’importe quel prix: 448 euros minimum, soit 1,65 euro la minute de train…

Jouissant d’un monopole sur le transport de passagers depuis plus de trente ans, Eurostar devra bientôt accepter la concurrence de la société qui convaincra l’Office of Rail and Road (ORR). Après les dossiers de Gemini Trains en février, et de Trenitalia en mars, Virgin Train se met à son tour sur les rails, avec l’objectif de liaisons entre Londres, Paris, Bruxelles et Amsterdam opérationnelles en 2030.

L’Allemagne et la Suisse sont également dans le viseur. Le capital mobilisé atteint 700 millions de livres, et un accord d’exclusivité a été conclu avec Alstom pour la livraison de douze TGV. Le groupe de Richard Branson est le seul à avoir présenté un dossier de financement de trains. " “Je n’ai pas planifié le lancement d’une compagnie aérienne, j’ai juste vu quelque chose qui ne marchait plus et me suis dit: nous pouvons faire mieux.” "

Richard Branson

Fondateur de Virgin

Longue expérience pour Virgin

Celui-ci est d’autant plus cohérent que Virgin Trains a une expérience de plus de 20 ans dans le transport de passagers au Royaume-Uni, qui s’est toutefois terminée en 2019, avec la perte d’un appel d’offres qui a entraîné le retrait de sa licence. Virgin Trains a revendu tous ses trains, mais est resté à l’affût de nouvelles opportunités, comme l’an dernier avec la soumission d’une candidature pour la ligne entre Londres, Birmingham, Manchester, Liverpool et Glasgow.

“Virgin est guidé par sa quête de redresser les activités qui ne marchent pas”, a déclaré Richard Branson dans une tribune parue dans le Times, parallèlement au dépôt du dossier. Fidèle à sa savante habitude de provoquer et faire bouger les lignes, de façon à la fois bienveillante et intéressée, le multimilliardaire a rappelé qu’il avait fondé sa compagnie aérienne presque par hasard, après un vol annulé dans les Caraïbes. Il avait alors décidé de louer un avion, d’inscrire “Virgin Airways : vol unique à 39 dollars”, puis de revenir chez lui tout en gagnant de l’argent.

Un succès par le passé

Alors que le transport ferroviaire entre Londres et le continent est désormais systématiquement plus cher que le transport aérien – pourtant 90% plus polluant pour chaque passager – Branson dresse un parallèle avec le transport aérien des années 80, et aborde ce nouveau défi avec le même état d’esprit : “Je n’ai pas planifié le lancement d’une compagnie aérienne, j’ai juste vu quelque chose qui ne marchait plus et me suis dit: nous pouvons faire mieux.”

Moins cool que Virgin Records ou Virgin Galactic, et circonscrite au seul Royaume-Uni, Virgin Trains a globalement été un succès en termes de ponctualité et de profits. Le savoir-faire marketing de la marque a permis de quasiment doubler le nombre de passagers entre le nord et le sud de l’Angleterre, notamment avec les trains Pendolino, qui s’inclinaient de 8° dans les courbes et pouvaient donc préserver une grande vitesse.

Ce succès a contribué à la réduction symbolique de la fracture socio-économique sévère résultant de la désindustrialisation. " “Nous ne sommes pas là pour copier. Nous sommes là pour élever les standards, stimuler l’innovation et offrir aux gens une meilleure façon de voyager.” "

Richard Branson

Fondateur de Virgin

Réponse le 31 octobre

Le groupe essaie depuis quelques années de reprendre pied au Royaume-Uni, sur la West Coast perdue au profit d’Avanti. Un conflit avec le Department of Transport sur la prise en charge d’une partie des retraites, ainsi que la fin du modèle de franchise depuis la crise du covid, rendent impossible le retour de Virgin Trains sur les services domestiques avant 2032.

“Depuis trop longtemps, conclut Branson au sujet du transport transmanche, les passagers n’ont aucun choix, et encore moins de plaisir. Nous ne sommes pas là pour copier. Nous sommes là pour élever les standards, stimuler l’innovation et offrir aux gens une meilleure façon de voyager.”

La réponse de l’ORR au sujet de l’accès au dépôt de Temple Mills International, le seul à permettre l’accueil de TGV transmanche, sera rendue public le 31 octobre.