Une croisière de six jours et cinq nuits, au départ de Paris, qui fera escale dans plusieurs hauts lieux de notre beau pays. « Le Grand Tour », la future attraction touristique du parc du Puy du Fou, se fera à bord d’un train-hôtel de luxe conçu par les Ateliers de Fabrication Ferroviaire (AFF) somainois. Un coup de projecteur extraordinaire pour cette PME à taille humaine basée près de la gare de triage.

Reportage

Arnaud Déthée

Rédaction de Douai

Alignées au cordeau dans la pénombre d’un vaste entrepôt, elles attendent la lumière des projecteurs qui leur est promise. Elles, ce sont les douze voitures du train du Grand Tour, la future croisière ferroviaire haut de gamme que proposera bientôt Le Puy du Fou à ses clients.

Comme annoncé en 2021, le parc d’attractions vendéen a imaginé un itinéraire touristique de 4 000 kilomètres, en train-hôtel de luxe, qui sillonnera la France à la rencontre de quelques-uns de ses trésors (Hospices de Beaune, Palais des papes, château de Chenonceaux…) tandis que chaque escale sera agrémentée d’animations pour les 40 privilégiés qui monteront chaque semaine à bord. Les billets pourraient être vendus autour de 5 000 €.

Pour l’heure, les wagons sont à quai, rue Denimal à Somain, où les équipes d’AFF travaillent d’arrache-pied à leur conception, inspirée du légendaire Orient-Express. « Le train date des années 1960. Nous le rénovons du sol au plafond, confirme Vincent Pobelle, PDG des Ateliers de Fabrication Ferroviaire. C’est un projet industriel qui confine à l’artisanat. C’est passionnant et complexe techniquement ».

Si la peinture extérieure des voitures prédit le style Belle Époque du futur écrin, l’atmosphère feutrée des cabines, où des câbles pendouillent pour le moment, se devine à travers le choix des matériaux (bois vernissé, marbre…) et des étoffes en cours d’installation. Suffisant pour entrevoir le chic des suites, du bar, ou de la voiture-restaurant, et surtout, indispensable pour réaliser des tests « grandeur nature ».

« On est soumis aux mêmes exigences que pour un TGV. Ce projet atypique nous oblige à répondre à un tas de normes, qui sont parfois à inventer, en matière de production d’électricité, de matériaux coupe-feu, de confinement du bruit… Installer des plaques de cuisson ou des salles d’eau dans un train, ça n’existe pas. C’est un OVNI – ou plutôt un OR(oulant)NI – qu’on fabrique ici. »

En cours d’homologation

L’ingéniosité dont font preuve les équipes d’AFF implique une étroite collaboration avec l’établissement public de sécurité ferroviaire, en charge de l’homologation du joujou. « La validation de nos essais se fait étape par étape. Ça prend du temps », confirme Antoine Rouze, chef de projet. « On est à une période charnière, le processus d’homologation est lancé », ajoute Vincent Pobelle, qui rappelle que l’ouverture à la concurrence a conduit le parc vendéen à créer sa propre compagnie ferroviaire pour amener son train-hôtel à pouvoir bientôt utiliser les lignes régulières, à 130 km/h de moyenne.

AFF, qui a essuyé les plâtres avec ferveur, entrevoit désormais le bout du tunnel, persuadé d’accrocher le bon wagon. « On vise une mise en circulation cette année. On espère que la réussite du projet fera parler de nous et de notre savoir-faire. »