La détermination de l’Etat à faire taire tout soutien au peuple Palestinien est plus forte que jamais. Le jeudi 20 février, deux nouvelles l’ont confirmé, coup sur coup. La chambre d’application des peines, qui devait statuer sur la libération de Georges Ibrahim Abdallah, a repoussé la décision définitive au 19 juin, et le conseil d’Etat a confirmé la dissolution du collectif Palestine Vaincra. Deux décisions odieuses, rendues sur des motifs aberrants. Face à la répression, faisons front !
Tout en estimant que les conditions de la libération de Georges Ibrahim Abdallah étaient réunies, la chambre d’application des peines a osé ajouter qu’elle ne pouvait pas être accordée, et a décidé « d’ajourner la décision afin de permettre au condamné de justifier dans ce délai d’un effort conséquent d’indemnisation des parties civiles », à savoir les Etats-Unis ! Le maintien en détention de notre camarade, en prison depuis 1984 et libérable depuis 1999, est un scandale d’Etat. Seule la servilité de l’Etat français à l’impérialisme étatsunien explique son maintien en prison : en 2012, c’est la pression de la ministre des affaires étrangères d’alors Hillary Clinton qui avait empêché in extremis sa libération. Et c’est Georges Ibrahim Abdallah qui devrait maintenant payer les Etats-Unis !
Face à cette injonction dégoûtante, qui fait passer l’impérialisme pour la victime d’un préjudice causé par celles et ceux qui lui résistent, rappelons les mots de Georges Ibrahim Abdallah lui-même, à son audience de 1987 : « Qu’un combattant arabe soit jugé par une cour spéciale en occident, rien de plus normal. Qu’il soit traité de criminel et de malfaiteur, rien de vraiment nouveau. Mais que le criminel yankee, bourreau de tous les déshérités de la Terre, soit en plus le représentant des prétendues victimes devant vous, il y a bien de quoi alors s’abstenir de tout commentaire sur la nature de votre cour ainsi que sur la tâche qui lui est assignée. »
Que dire alors de la tâche assignée au conseil d’Etat, qui a annoncé la dissolution du collectif Palestine Vaincra ? Les motifs invoqués sont absurdes. Le collectif n’est pas dissout en vertu de ce qu’il a dit, ou de ce qu’il a fait, puisque le conseil d’Etat reconnaît que ses propos n’excèdent pas la liberté d’expression. Il est dissout en vertu… des commentaires sous ses publications sur les réseaux sociaux ! A ce titre, faudrait-il dissoudre La République En Marche, dont les publications de soutien à l’Etat génocidaire d’Israël libèrent des flopées de commentaires racistes ? Le collectif Palestine Vaincra déploie un travail important de solidarité avec le peuple Palestinien, de lutte contre la barbarie de l’occupation sioniste, et mène des campagnes de boycott de l’Etat d’Israël. Voilà qui est insupportable à l’Etat français, et voilà la véritable raison de sa dissolution.
La coïncidence de dates entre ces deux événements rappelle la violence de la vague répressive en cours, et témoigne de la fascisation de l’Etat français.
La dissolution du collectif Palestine Vaincra n’est qu’un épisode supplémentaire dans la répression des voix de solidarité au peuple Palestinien bombardé, affamé, torturé, martyrisé par une occupation brutale. Un épisode qui s’ajoute aux procès-bâillon intentés contre nos camarades Anasse Kazib, Mathilde Panot, Rima Hassan, Ritchy Thibault, Timothée Esprit, Jean-Paul Delescaut, militant·es politiques et syndicalistes coupables de solidarité internationaliste. Un épisode qui s’ajoute au harcèlement commis par l’extrême droite sioniste contre les soutiens de la Palestine, dans l’impunité la plus totale : la faiblesse des réactions face au harcèlement massif subi par Rima Hassan en témoigne. Un épisode qui s’inscrit enfin dans une vague répressive islamophobe : la dissolution d’une association sur le motif des commentaires sous ses publications sur les réseaux sociaux est une possibilité donnée la loi dite « contre le séparatisme ».
Le maintien en détention de Georges Ibrahim Abdallah nous rappelle que lorsqu’il s’agit des prisonniers politiques anti-impérialistes, l’Etat n’hésite jamais à contourner ses propres lois, et piétiner les droits humains les plus fondamentaux. La cour dissimule aujourd’hui sa lâcheté sous ce que Jean-Louis Chalanset, avocat de Georges Abdallah, a appelé à juste titre une « mesquinerie juridique ». Car face à celles et ceux qui résistent à l’impérialisme, l’Etat français est prêt à toutes les mesquineries : les prisonniers politiques Kanaks, enfermés à des dizaines de milliers de kilomètres de chez eux en métropole pour avoir résisté à l’ordre colonial, en font l’expérience. Parmi eux Christian Tein, porte-parole de la CCAT, reste emprisonné en métropole malgré la décision de la justice invalidant les raisons invoquées par l’Etat.
Nous appelons à rejoindre et renforcer la campagne pour la libération de Georges Ibrahim Abdallah partout en France et dans le monde, et à multiplier les actions de solidarité jusqu’au 19 juin. Nous exprimons notre solidarité totale envers le collectif Palestine Vaincra. Nous appelons à des actions de solidarité avec ce collectif, et à poursuivre la mobilisation de solidarité avec la Palestine. Face à l’acharnement contre la résistance anticolonialiste, face à la vague répressive en cours, nous ne pouvons pas nous permettre la résignation, la division, la passivité, la lâcheté, les demi-mesures et les soutiens tièdes.
Il ne faut rien lâcher de la solidarité avec les camarades en prison pour leur résistance, et montrer à l’Etat que lorsqu’il touche à un ou une de nos camarades, il nous trouvera tous et toutes sur son chemin.
Il ne faut laisser passer aucune intimidation, aucun procès bâillon, aucune dissolution, contre les organisations du mouvement social et anti-impérialiste. Face à la montée du fascisme, l’heure est à la détermination et à l’unité : l’urgence est de faire bloc, et de ne rien lâcher. Car, comme le dit Georges Ibrahim Abdallah, « Il suffit que tu te tiennes debout pour que la bourgeoisie trouve des prétextes pour te maintenir en prison. On tient camarades ! Tant qu’il y a des camarades et des hommes et des femmes qui bougent et qui luttent pour un autre avenir, il y a des possibilités pour un autre avenir que celui qu’on voit devant nos yeux : des massacres, des carnages et des justifications à longueur de journée »