La rage (édito)La rage quand on nous parle de déficit budgétaire alors qu’un tiers de la fortune de Bernard Arnault suffirait à le combler.La rage quand Barnier veut tronçonner le budget des services publics, alors que des élèves de Seine-Saint-Denis font cours sans chauffage en plein hiver.La rage quand après la censure du gouvernement, Macron nous dit à la télé qu’on l’a encore mal compris.La rage quand un article du Monde nous apprend que ce même Macron parle sans honte de « Mamadous », de « rabzouz » et de « petits pédés » dans les salons de l’Élysée.La rage quand des milliers de travailleuses et de travailleurs sont menacé·es de perdre leurs emplois alors que les actionnaires de leurs entreprises se gavent de dividendes.La rage quand la seule réaction des institutions après la libération de la Syrie est de s’attaquer au droit d’asile des syrien·nes réfugié·es.La rage quand Bayrou préfère aller se promener à Pau en Falcon que de s’inquiéter de l’état de Mayotte dévastée. La rage quand Retailleau parle d’immigration alors que les mahorais·es et les comorien·nes comptent leurs mort·es. La rage quand Macron vient leur expliquer qu’ils et elles pourraient quand même être heureux·ses d’être français·es.La rage quand un génocide continue à Gaza depuis plus d’un an avec le soutien tacite des gouvernements occidentaux.Il n’y a pas toujours besoin de grandes théories pour comprendre la critique de l’État et du capitalisme : il y a des jours où la rage qu’ils nous inspirent suffit à nous faire sentir dans nos chairs l’urgence de les réduire en cendres.
UCL, 20 décembre 2024