Peut etre un peu tard, j’aurais du re-poster ca ici plus tot cet ete :)

Article de monde diplomatique : https://www.monde-diplomatique.fr/2017/08/BREVILLE/57768 (il y a une version audio sur le site)

Article de Benoît Bréville

L’article est principalement axé sur les dégâts environnementaux de la clim mais voici la partie sur le travail :

Ce n’est que dans les années 60 que la clim s’installe dans les foyers américains […].

Quand il fit son apparition, au début du XXe siècle, l’air conditionné ne visait pas le confort des humains, mais la préservation des marchandises. Contrariée de ne pas pouvoir imprimer et stocker son papier en raison des fortes chaleurs, une imprimerie new-yorkaise commande à l’ingénieur Willis Carrier un appareil capable de contrôler l’humidité et la température ambiantes. La machine, qui fait passer de l’air par des tubes contenant un frigorigène, est prête en 1902. Elle rencontre un succès immédiat. Textile, tabac, pâtes alimentaires, chewing-gums, farine, chocolat : en moins de dix ans, toutes les industries dont la production souffre des fluctuations thermiques se convertissent à la climatisation.

Conséquence heureuse, les ouvriers apprécient cet air frais. « La production est maintenue à son maximum et les travailleurs, au lieu d’être difficiles à trouver, cherchent à être embauchés dans une usine équipée par la société Carrier », vante, en 1921, une publicité de l’entreprise, qui vient de délocaliser une partie de ses activités au Mexique. Huit ans plus tard, une autre réclame précise : dans les usines climatisées, « l’air plus sain et agréable a attiré les travailleurs les plus désirables et quasi éliminé les conflits sociaux » (5). Mais le confort des salariés intéresse moins que leur rendement. En période de canicule, constatent les contremaîtres, les ouvriers perdent en productivité, les cadences ralentissent, l’absentéisme augmente ; il faut parfois octroyer des pauses supplémentaires, commencer l’activité plus tôt ou même interrompre la production.

Or l’heure est au taylorisme et à la rationalisation. Les employeurs se mettent à mesurer la température susceptible d’assurer la meilleure efficacité. Le gouvernement fédéral effectue lui aussi des tests et établit que ses dactylographes perdent 24 % de productivité quand on les prive de climatisation en été (6). « Pourquoi les meilleures inventions et les progrès scientifiques et industriels viennent-ils des zones tempérées ? », interroge une publicité de Carrier montrant un personnage à la peau tannée, affalé sur le sol, le visage couvert d’un sombrero. « Parce que, pendant des siècles, la chaleur tropicale a dépouillé les hommes de leur énergie et de leurs ambitions. Il n’y avait pas d’air conditionné. Donc ils faisaient des siestes. » Le titre précise : « Température 102 °F [39 °C], production 0 » (7). Ainsi la climatisation séduit-elle un nombre toujours croissant de bureaux, d’usines, d’administrations.

(5) Gail Cooper, Air-Conditioning America. Engineers and the Controlled Environment, 1900-1960, The Johns Hopkins University Press, Baltimore, 1998.

(6) Gail Cooper, Air-Conditioning America, op. cit.

(7) Marsha E. Ackermann, Cool Comfort. America’s Romance with Air-Conditioning, Smithsonian Institution Press, Washington, DC, 2002.


C’est un extrait, mais le reste le l’article est intéressant aussi.

EDIT : Zut, la premiere fois que j’avais fait ce poste sur reddit, ca devait etre a un moment ou cette article du diplo devait etre gratuit a la lecture, je viens de voir qu’il y a maintenant un paywall. PDF dispo ici

  • Syl
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    3 months ago

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