L’implant cochléaire - journal - la rééducation auditive part 2 1/…
@pi_sourd
Sommaire - l’implant cochléaire - (Mastodon/Iceshrimp)
Trois mois se sont écoulés. Ma rééducation auditive se poursuit.
C’est difficile de garder une trace de mes progrès et de pouvoir les mesurer concrètement. Je me demande ce que je vais pouvoir vous écrire. Déjà autre chose que mon train-train quotidien.
Comment on raconte quelque chose qui ne change pas ? Quelque chose qu’on ne remarque pas ? D’insignifiant comme le film, Cheval de Turin qui repasse la même scène mais à chaque fois sous un point de vue un peu différent.
Je suis passé d’une phase dytrambique, dynamique, nerveuse, joyeuse à une phase plus lente, plus longue.
Mes progrès sont beaucoup moins remarquables, moins impressionnants et silencieux. Je ne les ressens pas au quotidien, je n’arrive pas à les mesurer, j’ai parfois le sentiment d’atteindre un plafond de verre où j’aimerai beugler “Brises-toi !” comme le Fremen du film Dune de David Lynch.
C’est difficile, c’est fustrant, je dois gérer ma fustration et attendre de long mois. J’espére qu’un jour je pourrais écouter des podcasts et pourquoi pas traduire en LSF vos discussions.
Cependant l’implant est présent et joue un role phénomènal. C’est le dernier bilan de Décembre qui me l’a dit, qui m’a permit d’en prendre conscience. Ça m’a rassuré de le lire.
Où j’en suis ? Je me plains toujours de la différence accoustique entre ma prothèse auditive et l’implant elle est toujours présente. Elle me gène. Moi j’imaginais une fusion comme les poteras de Dragon ball Z.
Concrètement, c’est comme si je portais un casque stéréo. C’est usant, c’est chiant.
Je ressens aussi une nouvelle émotion qui prend place lorsque j’enlève mon implant. La sensation d’être coupé, débranché. Une sensation de silence, un manque, peut-etre même de l’angoisse. Ce n’est le même silence que celui des Sourds et Sourdes.
Imaginez les lumières se couper brutalement, on perd nos repères, on cherche la lumière…ah la lumière revient, elle rassure. J’en arrive à poser ces mots : Ma prothèse auditive ne suffit pas (inspiré d’une pièce de théàtre que je jouerai en Juin : “L’amour ne suffit pas” :P ).
Il m’arrive de porter la prothèse auditive seul et le son me parait plus plus pauvre, incomplet, il me manque une part de moi, quelque chose qui m’a été arraché. Ma prothèse auditive ne suffit pas.
Au début, je pouvais m’en passer sans que cela fasse la différence car l’implant était un poids, une corvé, ça me faisait “mal”. Des sons discordants, une immense fatigue à capturer tous les sons, à les classer, ranger, définir, du baragouinage…mais j’avais toujours soif, j’avais envie de bien plus, une grande soif d’entendre et de pouvoir envoyer chier ma condition humaine.
Il devient un outil qui m’aide. Au fait, je vous ais parlé de la musique ? :blobcat_rainbow:
Ben médicalement, si je veux traduire une perte sonore alors l’audition normale devrait etre traduite comme 30db = niveau 0 et le reste comme étant négatif.
Pour ma part, ça m’a jamais géné vu qu’on parle de perte et pas d’augmentation. J’aurais énormément de mal à lire un audiogramme inversé car cout ce qui est en haut est un gain.