lalibre.be L’anglais comme langue d’enseignement universitaire divise la Flandre Jacques Hermans 3–4 minutes
La mondialisation des échanges repose sur une utilisation massive de l’anglais. C’est la langue des affaires, qu’on appelle parfois “globish” (pour global English), celle qui est utilisée partout. Elle devrait donc faire partie du bagage éducatif de ceux qui veulent pouvoir participer à ce monde très connecté. C’est pour cette raison que des pressions de plus en plus fortes se manifestent pour que l’anglais devienne une langue privilégiée dans l’enseignement supérieur.
Dernier événement en date : ce mercredi, lors de son discours à l’ouverture de la nouvelle année académique, le recteur de la KU Leuven, Luc Sels, a plaidé pour un dédoublement de tous les baccalauréats dans une autre langue que le néerlandais d’ici à 2040. Pour le recteur, la généralisation de cours donné en anglais permettra d’augmenter le nombre d’étudiants étrangers et dès lors améliorer la qualité de la recherche au sein des universités flamandes.
Pour arriver à l’objectif, le recteur louvaniste propose que le nombre de formations en baccalauréat en langues étrangères augmente de 3 % à chaque législature – la question se pose moins pour les masters qui sont déjà bien plus fréquemment donnés dans une langue étrangère. Il demande aussi au prochain gouvernement de mettre en place un groupe de travail pluridisciplinaire dont la mission est de réfléchir à une politique linguistique adaptée à aujourd’hui. En Flandre, on ne rigole pas avec l’apprentissage du français Libéraux et nationalistes divisés
Les libéraux flamands ont fait savoir par communiqué qu’ils soutenaient les propos du recteur de la KU Leuven. Lors de la formation du gouvernement flamand, l’Open VLD avait d’ailleurs réclamé davantage de filières baccalauréat en anglais dans l’enseignement supérieur en Flandre. Les libéraux flamands souhaitent que l’offre soit moins “identitaire” et “plus orientée à l’international”. “À l’heure actuelle, toutes les formations en langue étrangère doivent avoir leur pendant en néerlandais. C’est trop strict. Cette réglementation unilatérale fait que la Flandre perd de précieux talents”, affirment la députée flamande Gwendolyn Rutten et le président intérimaire du parti, Tom Ongena.
Le ministre flamand de l’Enseignement Ben Weyts (N-VA) n’est cependant pas très enthousiaste, c’est le moins que l’on puisse dire, à l’idée d’accorder plus de place à l’anglais dans les universités flamandes, confirme Michaël Devoldere, son porte-parole. “En ces temps où la qualité de l’enseignement est mise sous pression, il faut valoriser le néerlandais du début à la fin des études. Parfois on met trop l’accent sur l’aspect international et trop peu sur le droit de nos jeunes à bénéficier d’une formation dans leur propre langue, le néerlandais. Il faut un bon équilibre entre l’international et la qualité de l’enseignement accessible à tous”, résume le ministre nationaliste.